[Interview] Dans le cadre du prochain iLearning Forum Paris 2015, Sally-Ann Moore évoque pour Educadis l’évolution de l’e-learning en France

Publié le 18/12/2014 à 11:53
[Interview] Dans le cadre du prochain iLearning Forum Paris 2015, Sally-Ann Moore évoque pour Educadis l’évolution de l’e-learning en France

Sally-Ann Moore est fondatrice et Directrice Générale de conférences mondiales et expositions consacrées à l’e-learning. Consultante et experte reconnue, elle a été nommée consécutivement ces deux dernières années dans le Top 10 Movers and Shakers du e-learning en Europe.

Sally-Ann a répondu aux questions d’Educadis sur les tendances de l’édition 2015 de l’iLearning Forum Paris, et sur la situation actuelle de l’e-learning dans le monde professionnel.

 

Quelles seront les innovations et tendances de cette édition 2015 de l’iLearning Forum Paris?

 

iLearning Forum fêtera sa 15ème édition en 2015. Pour cette nouvelle année nous attendons 5000 visiteurs en provenance de toute la France mais aussi de l’étranger grâce à un programme de conférences internationales et des intervenants de renommée mondiale.

L’édition 2015 se veut encore plus interactive ; les conférences vont recentrer le débat sur les questions essentielles et vont répondre aux besoins des DRH et chefs de formation qui se demandent pourquoi et comment faire du e-learning aujourd’hui. Chaque moment de ces deux journées sera animé, ceci grâce à nos exposants qui proposeront des démonstrations de leurs dernières nouveautés.

Enfin grande nouveauté cette année, chaque matin et chaque fin de journée des tables rondes avec un contenu de haute qualité seront proposées à nos visiteurs.

 

L’e-learning connait une forte progression en France, avec pas moins de 80 MOOCs francophones lancés ces trois derniers mois, par l’enseignement supérieur, les entreprises et les indépendants. Comment expliquez-vous le succès des MOOCs dans les universités et les grandes écoles françaises ?

 

La France possède une forte culture traditionnelle du cours magistral en enseignement supérieur, et le MOOC correspond bien à ce format, ainsi qu’à l’appréciation dans la culture française de la connaissance et la transmission de la connaissance. Donc le MOOC rentre bien dans les mœurs et habitudes des apprenants en France malgré sa modernité technologique.  Le MOOC marche moins bien dans les cultures moins intellectuelles ou plus participatives.

 

Paradoxalement, l’e-learning en entreprise reste encore peu développé, et moins médiatique. Pourquoi ce décalage, et quels sont les freins ? Par comparaison, quelle est la place de l’e-learning en entreprise dans les autres pays européens, et dans le monde ?

 

Le marché du e-learning français a progressé de 25% entre 2012 et 2013, représentant 200 millions d’euros. Il ne s’agit pour autant que de 10% du budget total de la formation en entreprise. Parmi les responsables de formation qui utilisent l’e-learning, quatre raisons principales reviennent le plus souvent : former un grand nombre de salariés à la fois, dépasser le problème d’éloignement géographique, réduire les coûts de formation (35% d’épargne en 2013) et offrir une formation « juste à temps ».  Absentes des raisons déclarées, la pertinence, l’exactitude et plus généralement la qualité des contenus ne semblent pas être des priorités pour les formateurs français. A l’inverse, les utilisateurs de e-learning français, selon une étude effectuées auprès de 400 entreprises françaises, affirment être davantage préoccupés par la qualité des contenus. Il s’agit là en outre d’une différence par rapport à de nombreux autres pays européens, où les utilisateurs de e-learning privilégient l’accessibilité et le format.

Il existe d’autre part en France une certaine passivité pour l’apprentissage « isolé », contrairement aux autres pays européens. 50% des employés français gèrent pro activement leur propre plan de formation et de développement, contre 70% en Espagne, en Allemagne et au Royaume-Uni. Les salariés français comptent massivement sur leurs employeurs pour subvenir aux frais de formations e-learning, alors qu’Allemands et Britanniques n’ont pas de cas de conscience à s’acheter eux-mêmes les cours.

Un autre problème vient de l’après formation e-learning. Les responsables de formations français admettent ne pas évaluer les compétences acquises à l’issue des modules e-learning, ni mesurer les progrès réalisés par les salariés, ce qui n’est guère motivant pour ces derniers. Cette grave absence de suivi trouve en partie son origine dans un simple constat : la formation en ligne est souvent effectuée sans relations avec le département RH des entreprises.

L’Etat français constitue une autre explication. La législation sur l’e-learning date de 2009, avec cinq ans de retard sur d’autres pays européens comme l’Angleterre, et n’a pour l’instant guère de quoi susciter l’enthousiasme. Paradoxalement, les droits individuels à la formation (règlements VAE, CIF et DIF) sont beaucoup plus développés en France que dans d’autres pays européens.

 

Croyez-vous en l’utilité des serious games, appliqués à la formation en entreprise ?

 

Oui, après des années de modules e-learning ennuyeux, enfin nous avons les moyens d’engager l’apprenant activement. On a toujours su que les apprenants passifs n’apprennent pas, et que des contenus ludiques sont plus engageants, et permettent donc plus de réussite pédagogique.

 

Rapid Learning, « réalité augmentée », Google Glass,  les innovations technologiques sont nombreuses, et impressionnante. Quel est selon-vous le futur de l’e-learning dans les prochaines années ?

 

La chose la plus importante dans les innovations des technologies d’apprentissage est la réduction de coût et de temps de production de modules de qualité et de multimédias interactifs.  Ceci implique l’accès au e-learning pour ceux qui étaient en dehors auparavant faute de moyens nécessaires. Notamment pour les entreprises de petite taille où les moyens économiques n’étaient pas suffisant et pour les enseignants : les nouveaux outils permettent de convertir une énorme masse de cours présentiels en e-learning à très faible coût et effort. Une des très bonnes choses qui émerge est l’embarcation des concepts pédagogiques, ce qui permet à un expert de capter sa connaissance facilement et avec une pédagogie automatisée.

 


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