Pourquoi les prépas restent-elles ouvertes?

Publié le 31/10/2020 à 13:59
Pourquoi les prépas restent-elles ouvertes?

Le Supérieur, un enseignement à deux vitesses? La question a été immédiatement posée après l’annonce gouvernementale de laisser les classes de prépa ouvertes, de même que les BTS. Sur la forme la mesure est justifiée, même si sur le fond se dessine le spectre de la préférence pseudo-élitiste pour les écoles d’ingénieur et de commerce. 

 

 

Près de 350 000 élèves de prépa et de BTS concernés

 

Jeudi soir, le Premier ministre a fixé les modalités de continuation pédagogique pour l’enseignement : si les écoles, collèges et lycées resteront ouverts tout le mois de novembre, les universités poursuivront leur formation uniquement en ligne, avec seulement des dérogations pour l’accès à certains laboratoires et travaux pratiques. Mais en parallèle, le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal se fendait d’un message sur les réseaux sociaux annonçant la poursuite des cours en présentiel pour les 85 000 étudiants inscrits en classes prépas aux grandes écoles, de même qu’aux 260 000 élèves des différents BTS.

 

La nouvelle a aussi entraîné l’étonnement, voire l’outrage, dans les universités, déjà largement malmenées par trois décennies de politiques peu favorables à leur égard. La Conférence des présidents d’université (CPU) a immédiatement réagi dans un communiqué de presse en faisant part de sa “stupéfaction” face aux annonces gouvernementales : “Chacun le sait, les classes préparatoires, souvent bondées, accueillent des élèves issus de milieux sociaux plus favorisés. Rien ne peut justifier, en dehors d’un réflexe sociologique de reproduction, une telle différence de traitement. Cette décision ôte toute crédibilité aux annonces du gouvernement en faveur de l’égalité des chances, dont il prétend faire son cheval de bataille.”

 

 

Une prédilection assumée pour les écoles de commerce et d’ingénieur

 

Sur la forme, la réaction des CPU n’est guère justifiée, la démarche gouvernementale obéissant à une logique administrative : les classes de prépa dépendent des lycées, qui restent ouverts, de même que les BTS assurés dans l’enseignement secondaire. Les Instituts universitaires de technologie (IUT) dépendant eux de l’enseignement supérieur, leurs cours seront assurés en ligne. La plupart des prépas sont par ailleurs gratuites, avec une admission sur la qualité du dossier.

 

Sur le fond, les inquiétudes des CPU sont loin d’être abstraites, la discrimination officieuse dans les classes prépa – une spécificité bien française – sévissant sans grand secret. Les meilleurs élèves admis dans ces véritables usines à concours sont pour la plupart issus de familles aisées, disposant d’un univers confortable et idéal pour les études. Programmés pour la réussite à des figures imposées, ces élèves ne disposent généralement d’aucune expérience de la recherche ni de connaissance du monde universitaire – un univers hostile, à fuir, au profit des sacrosaintes et écoles de commerces et d’ingénieurs, autrement plus rentables que les sciences humaines et sociales.


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