Pourquoi les élèves français sont-ils si médiocres?

Publié le 31/01/2021 à 10:53
Pourquoi les élèves français sont-ils si médiocres?

Depuis le début des années 2000, le très sérieux test international PISA rappelle de manière lancinante le constat : à défaut de figurer parmi les peloton de queue des plus mauvais élèves du monde, les jeunes Français sont pour autant très loin des premiers – tous Asiatiques (Chine, Singapour, Macao pour le trio de tête). Comment expliquer ce  constat? Contexte social? Évolution des sociétés? Formation des enseignants? Les raisons potentielles sont aussi nombreuses que diversifiées. 

 

 

Une baisse majeure des disciplines fondamentales

 

Lors du dernier test PISA de 2018, la France se contentait comme à l’habitude d’une médiocre 25ème place, loin derrière les nations asiatiques, les USA, le Canada et les pays d’Europe du Nord. La baisse de nombre d’heures de cours dans les matières fondamentales pourrait constituer une première explication, ces dernières phagocytées par les nouvelles disciplines. C’est en particulier vrai pour le français, avec la grammaire et l’orthographe largement sacrifiés depuis de nombreuses années. Le passe simple est ainsi par exemple enseigné en classes de 5ème et 4ème, alors qu’il l’était en CE2 encore dans les années 1980.

 

Le problème est clairement souligné par le grand historien français de l’éducation, Antoine Prost: ” Il faut non seulement travailler davantage mais mieux, cinq journées de cinq heures de cours seraient le plus efficace. Entre 1960 et aujourd’hui, on a perdu une heure de travail d’élève sur cinq. C’est comme si on avait obligé tous les élèves à sauter une classe “. Il s’est par ailleurs produit au fil du temps une disparition des exercices transverses (associant par exemple mathématiques et français), au profit du phénomène de compartimentalisation des disciplines : “Chaque discipline a ses objectifs propres tandis qu’avec les exercices, l’objectif était transversal : on faisait aussi du français, de l’orthographe et de la lecture quand on recopiait l’exercice de calcul que le maître écrivait au tableau“.

 

 

Environnement social, politique, numérique, bêtise… Les parasites de l’École?

 

Le contexte social, souvent mis en avant pour expliquer les résultats, constitue assurément une autre explication majeure. Le niveau social des parents, les tensions familiales, l’origine culturel, le nombre d’enfants à la maison, autant de raisons largement susceptibles d’influencer les performances d’un élève. Les réformes politiques à répétition représentent un autre frein potentiel, avec une perte de cap à suivre. La baisse de considération du métier de l’enseignant, très éloignée du prestige associé aux IIIe, IVe et début de Ve République, et associée à des salaires parmi les plus bas d’Europe, s’ajoutent aux explications potentielles.

 

Une dernière raison réside dans le numérique, cet outil à double tranchant, à la fois sauveur de la continuité pédagogique en périodes de pandémie, mais aussi destructeur des capacités d’attention – sans parler du grand massacre de l’orthographe avec le langage SMS. De manière générale, la bêtise, aussi humaine qu’historique, sévit toujours dans les écoles, comme le souligne le professeur de collège parisien Romain Vignest : “Pour certains, tout mot inconnu est jugé comme étant rare. Les jeunes ont l’impression de trahir leurs pairs en accédant à un vocabulaire différent de celui qu’ils utilisent entre eux“.


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