BAC 2020 : une farce?
Si la cession 2020 du BAC pouvait laisser planer des inquiétudes à la suite de la pandémie, les résultats dissipent toute crainte avant même les rattrapages, avec 91,5% d’admis. Même si le principe du système continu semblait alléchant pour refléter le niveau réel des élèves, les consignes officielles ont permis de gonfler très généreusement les résultats, vidant encore un peu plus le BAC de son maigre intérêt.
Une “bienveillance” de rigueur vis-à-vis des élèves
L’année 2020 était d’ores et déjà historique avec la pandémie; le BAC rajoute une touche d’inédit, en franchissant la barre des 90% d’admis. Le suspens était toutefois léger, puisque le ministère de l’Éducation n’entendait visiblement ne prendre aucun risque de mauvais résultats, comme stipulé dans le Journal officiel : “cette organisation exceptionnelle est conçue dans un esprit de bienveillance vis-à-vis des candidats“. Pas question donc de se montrer sévère (juste?), mais au contraire les dispositions prévoyaient d’arrondir les moyennes à l’unité supérieure, et le livret scolaire pouvait lui aussi “valoriser” le résultat des élèves.
Difficile ainsi de s’étonner des résultats pour le moins spectaculaires, avec 91,5% d’admis soit une hausse de 13,7 points par rapport à l’année dernière, et même 14,7 points en série générale. Affichant d’ordinaire des résultats un peu moins extravagants, le BAC technologique est lui aussi en très forte hausse (+13,9 points) avec 89,4% de réussite. Le BAC pro atteint pour sa part 87,4%, soit une hausse de 11,6 points. Au total plus de 650 000 candidats sont déjà reçus avant les oraux, soit près de 100 000 de plus que l’année dernière.
Des résultats sans rapport avec le contrôle continu
L’aspect historique des résultats du BAC 2020 s’est très vite effacé devant les moqueries prodiguées par les élèves eux-mêmes, admettant ouvertement sur les réseaux sociaux être les premiers surpris par leurs résultats. “J’ai mon bac es sans avoir rien fait de l’année“, déclare l’un d’entre eux, alors que d’autres ne comprennent pas la même logique (non respectée) du contrôle continu : “7 de moyenne en math, 7 en physique et j ai mon bac S mdrr quel braquage“, “Je n’arrive toujours pas à croire que j’ai eu mon BAC ES MENTION TRÈS BIEN… avec mes petits 11 en MATHS et 09 en Sciences.“
Les résultats étaient à ce point faussés que les habituelles images d’épinal de lycéens sautant de joie ou s’effondrant devant les panneaux se sont rarement produites. Les élèves étaient le plus souvent placides, surtout surpris d’obtenir des mentions ne cadrant pas avec leurs moyennes de l’année. Pour les plus sérieux, la joie laissait place à une certaine amertume, face à l’absence de défi réel – déjà tout relatif depuis de nombreuses années. “J’ai une petite frustration de ne pas avoir passé un bac classique“, déclare ainsi une lycéenne.
Les rattrapages du mois de septembre gonfleront encore un peu plus les résultats, avec par ailleurs de futurs admis assurés de pouvoir s’inscrire à temps dans le supérieur. De quoi provoquer dans les universités une avalanche de désastres en première année de licence, où s’effectue depuis longtemps la sélection officieuse à la place du BAC.