[Interview] Shannon Picardo évoque sa vision de l’e-learning dans le soutien scolaire

Publié le 29/09/2014 à 12:34
[Interview] Shannon Picardo évoque sa vision de l’e-learning dans le soutien scolaire

Educadis a récemment consacré un article à la société d’apprentissage à distance SchoolMouv, qui ne cache pas ses ambitions sur le marché du soutien scolaire. Son dirigeant, Shannon Picardo, a accepté de répondre à nos questions, et livre ici son regard sur l’impact de l’e-learning dans l’enseignement.

 

 

Qu’est-ce qu’ambitionne School.Mouv sur le marché de l’apprentissage scolaire, et comment se positionne la société par rapport aux leaders (Acadomia, Maxicours,Complétude) ?

 

On ne se positionne pas du tout de la même façon ; ce sont des sociétés de cours particuliers, tandis que nous proposons un service en ligne, avec des vidéos enregistrées par des professeurs. Il ne s’agit donc pas de cours particuliers, même si l’on suit pour autant le programme de l’Education nationale, en produisant des MOOCs pour les élèves qui veulent reprendre des cours. Nous ne sommes pas positionnés contre ces agences de cours particuliers, mais dans une alternative pour tous ceux qui ne peuvent pas se payer ce type de services ; nous offrons ainsi une complémentarité aux cours particuliers. Nous percevons même ces agences comme des partenaires potentiels.

 

Selon vous, qu’est-ce que permet l’e-learning par rapport au présentiel ou même au blended learning ?

 

L’e-learning permet à l’élève d’avoir accès à des cours, quand il veut et où il le désire. C’est l’élève qui prend le contrôle de ses leçons. Il suit le média dont il a l’habitude, internet, par le biais de son ordinateur, sa tablette ou son smartphone. L’e-learning inverse la tendance, l’élève est en mesure de prendre en mains sa propre gestion, tandis que dans un système pédagogique traditionnel, on lui impose des décisions.

           

Comment voyez-vous les progrès de l’e-learning à l’échelle mondiale dans les cinq prochaines années?

 

L’explosion de l’e-learning dans les cinq prochaines années est un phénomène inévitable. On perçoit d’ores et déjà l’ampleur que l’e-learning a commencé à prendre à travers la multiplication des start-up spécialisées dans ce domaine en France. Les élèves accrochent directement à ces nouvelles méthodes d’apprentissage. L’e-learning va permettre d’être beaucoup plus proche des attentes des élèves, mais aussi d’être beaucoup plus efficace dans la manière dont se déroulera l’enseignement. Le phénomène des classes inversées commence ainsi à se diffuser dans les établissements. Un changement radical dans la manière d’apprendre va se développer dans un proche futur. Dans les cinq années à venir, l’e-learning sera un mode d’apprentissage incontournable, en France et dans le monde.

 

Quels sont les pays les plus en avance sur l’elearning, et vous inspirez-vous de leur exemple ?

 

Les Etats-Unis sont les plus avancés, avec des MOOCs consacrés aux études supérieures, et également la Khan Academy. Enormément d’innovations se déroulent aux USA, mais nous ne nous en sommes pas du tout inspirés. School.Mouv est issue d’un processus parfaitement original, et français.

 

La France sera-t-elle en mesure de rattraper son retard sur les Etats-Unis et le Japon, et même sur de nombreux pays européens ?

 

Avec des initiatives comme la nôtre, nous pouvons essayer de rattraper ce retard, et apporter énormément d’innovations. Nous proposons des MOOC, des fiches, des exercices, des forums en ligne, mais tout cela n’est qu’un démarrage. Dans les prochaines années, si nous parvenons à travailler en collaboration avec l’Education nationale, il sera possible de proposer une méthode d’apprentissage entièrement différente, et qui sera beaucoup plus efficace. L’initiative devra également venir de l’Education nationale, qui devra travailler avec des start-up innovantes dans l’apprentissage. Seul ce processus pourra faire avancer l’e-learning, et changer efficacement l’éducation en France.

 

Au début du mois de septembre, le président Hollande a annoncé « un grand plan numérique pour l’Ecole de la République », confirmé dans sa conférence de presse du 18 septembre. Il s’agit là du douzième plan en l’espace de plus de 30 ans. Dans le même temps, un enseignant sur deux se déclare encore réticent à se lancer complètement dans les TICE. Pensez-vous que les enseignants soient réellement prêts ou même désireux d’adopter le numérique scolaire ?

 

Je pense qu’il y a deux problèmes en France. Le premier est à chercher du côté de la formation des enseignants, qui n’ont pas l’habitude d’utiliser le numérique, et ne sont pas suffisamment formés à son utilisation. Les méthodes d’enseignement ne sont pas adaptées, les élèves décrochent, et se tournent vers le soutien scolaire. Les enseignants doivent se conformer à ce que les élèves ont l’habitude d’utiliser aujourd’hui (numérique, tablettes, smartphones), ce qui nécessite une formation aux TICE. Le deuxième problème vient du gouvernement, ou plutôt des gouvernements successifs. Les plans numériques n’ont consisté qu’à poser des ordinateurs dans les collèges et les lycées, et proposer du soutien scolaire aux élèves de 6ème. Les choses ne sont pas allées au-delà. Il y a beaucoup d’intentions certes, mais peu d’applications adaptées aux élèves. Le fossé est très important entre ces deux paramètres. Les efforts sont loin de ce que les élèves attendent du numérique. Pour ce qui est de ce nouveau plan numérique, prévu pour 2016, j’attends de voir.

 

            Merci à Shannon Picardo pour son analyse de l’e-learning dans le soutien scolaire. 

 


Cours de langue gratuit chez notre partenaire Babbel

Babbel

TEST GRATUIT
Contactez-nous