[Enseignement] Dépasser « l’élitisme conservateur » dans l’enseignement, pour plutôt « lutter contre l’échec scolaire »

Publié le 13/05/2015 à 12:17

Depuis plusieurs semaines, le projet de réforme des collèges draine de nombreuses polémiques, en particulier sur l’hypothétique disparition de l’allemand et du latin, et de l’enseignement du christianisme. Dans une tribune publiée sur le Monde, un collectif d’historiens et de sociologues malmène les arguments des opposants à la réforme, qui masqueraient le réel enjeu de l’éducation nationale : la lutte contre l’échec solaire.

 

 

Les langues préservées par la réforme des collèges

 

Difficile depuis le mois d’avril d’échapper aux inquiétudes inondant les titres de presse : l’allemand, le grec et le latin vont être « sacrifiés » par la réforme des collèges. Une interprétation hâtive selon le collectif d’intellectuels, voire purement erronée. La réforme entend s’attaquer aux classes bilingues de 6e et 5e, où seulement 16% des collégiens apprennent deux langues vivantes. « Mais, la même réforme, affirme le collectif, va imposer à tous les collégiens l’apprentissage de deux langues vivantes dès la 5e, ce qui est une bonne nouvelle. » De fait, mathématiquement, l’année de 6e perdue par 16% des collégiens profiterait aux 84% restants.

 

L’enseignement du grec et du latin n’est de même pas réellement menacé, du moins pas plus que depuis de nombreuses années. Ainsi, de nouveaux « enseignements pratiques interdisciplinaires » (EPI) devraient permettre aux collégiens qui le désirent de pratiquer ces deux langues, avec toutefois la perspective de voir le nombre d’heures d’enseignement diminuer.

 

 

Se (re)centrer sur la lutte contre l’échec scolaire

 

Derrière ces polémiques se cacherait le spectre lancinant de « l’élitisme conservateur », dénoncé par le collectif. Un élitisme prêché par une faible minorité, fondé sur le pragmatisme plutôt que l’attrait désintéressé de la langue de Nietzsche ou des œuvres de Plutarque. Une manière détournée d’isoler les meilleurs élèves, avec pour finalité « le simple désir d’entre-soi des élites ».

 

Des considérations égoïstes, voire antirépublicaines, qui masqueraient le but réel vers lequel devraient tendre les collèges : lutter contre l’échec scolaire. C’est-à-dire prendre en compte les rangs de plus en plus fournis des élèves en difficultés, et même des élèves moyens, peu ou pas portés sur l’opportunité de rallonger leurs emplois du temps par des heures de grec ancien. Des programmes moins chargés et des pédagogies bien plus personnalisées constitueraient selon le collectif des initiatives autrement dignes d’intérêt. Une manière de tenter d’enrayer la descente infernale de l’éducation française dans les classements européens et mondiaux.

 

 

Au-delà des polémiques, les choses se répètent sempiternellement : réformer l’éducation française relève du sacerdoce. Face à certains pays du nord de l’Europe, pour ne pas citer le modèle finlandais, le constat s’avère au moins inquiétant. Malgré tout, sur une note plus positive, les (pénibles) efforts gouvernementaux en matière de numérique constituent, a priori, un réel pas en avant. 


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